Entretien avec Peccatore

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Comme il en avait été convenu par échange épistolaire, le frère Peccatore se rendit aux bureaux de l'Archevêque de Lyon pour un entretien.

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L'Archevêque attendait le Curé de Lyon pour discuter avec lui. Le valet qui se trouvait dans l'Antichambre vint avertir que Monseigneur Peccatore était arrivé, et le jeune Prélat lui demanda de le faire entrer.

Invité

Le Lescurien entra donc dans le bureau.

Bonjour Monseigneur, fit-il en voyant l'Archevêque, avant d'aller s'incliner et baiser l'anneau archiépiscopal.

Je vous remercie de me recevoir, j'espère ne pas trop prendre sur votre temps.

Il attendit la permission du prélat avant de s'asseoir et de commencer à parler.

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Le jeune Prélat sourit au Curé de Lyon qui entrait.

Bonjour, Monseigneur. Oh, non, vous ne me dérangez nullement je vous assure.

Il désigna d'un geste de la main un fauteuil devant son bureau pour qu'il s'y assoie.

Vous voulez du vin? Des viennoiseries?

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Peccatore prit place.

Volontiers, Monseigneur.

Le bâtard Comtois n'était pas spécialement gourmand, mais il ne pouvait refuser ces gâteries si aimablement proposées. Se sentant tacitement invité à commencer, il déclara :

Comme je l'ai dit à Monseigneur, je suis en ce moment très hésitant sur ma vocation. Cela fait maintenant plus d'un an et demi que je suis rentré dans le clergé et j'ai exercé depuis lors un certain nombre de charges qui m'ont fait découvrir le rôle des clercs de l'échelle paroissiale, comme Diacre puis Vicaire de Poligny et comme Curé de Lyon, à l'échelle diocésaine, en étant Vicaire Archidiocésain de Besançon durant plusieurs mois. J'ai également connu un fort investissement aux plus hautes fonctions de mon Ordre l'an dernier, en étant six mois Vice-Recteur puis six mois Recteur Lescurien. Sans compter que j'ai connu une brève expérience comme Nonce apostolique en Franche-Comté.

Je crois donc être à présent à une période charnière de mon sacerdoce. Quoique j'aie échoué il y a quelques mois à obtenir le siège épiscopal d'Agen que je briguais alors, je pense avoir les capacités pour gérer un diocèse suffragant de quelques paroisses. Il ne me semble pas avoir à rougir de mon expérience, et au contraire, peut-être serait-elle encore plus utile à la Sainte Eglise si je m'en servais à un niveau plus large que celui d'une paroisse. N'y voyez pas là de la vanité, Monseigneur. Croyez plutôt qu'il me désole de compter les diocèses vacants pour lesquels des Assemblées épiscopales, en France ou dans le Saint-Empire, ne cessent de lancer des appels à candidature. Combien de fidèles sont ainsi laissés sans berger ?

Je ne désire pas avoir de précipitation dans mon choix, Monseigneur, et c'est aussi pour cela que je sollicite votre conseil. Je ne saurais laisser Lyon sans la sérénité d'y savoir que mon départ ne lui sera pas trop préjudiciable.
Mon autre inquiétude concerne ma santé. Si, actuellement et depuis la Saint-Noël, je crois être de nouveau en bonne forme, j'ignore si cet état sera durable. Aurai-je l'énergie d'assumer une charge diocésaine si mon mal me reprend ? Je l'ignore. Je ne désire point être candidat à un diocèse pour devoir en démissionner quelques semaines plus tard pour inaptitude physique.

Qu'en pensez-vous, Monseigneur ? Et que dois-je faire ?

Peccatore se tut.

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L'Archevêque fit un signe de la main au valet, qui apporta deux coupes et versa du vin dans chacune d'eux, puis revint avec un plateau de pâtisseries qu'il déposa entre les deux hommes. Il écouta le Curé avec attention, buvant une gorgée par moment, croquant dans une viennoiserie de temps à autres. Lorsque celui-ci eut terminé, le jeune Prélat réfléchit un moment, avant de répondre.

Il est vrai qu'il est désolant de voir tant de Diocèses sans bergers. On pourrait dire qu'il y a trois Diocèses vacants présentement: Rodez en France, Lausanne au SERG et Avignon qui est dans les deux Primaties. Sinon, il y a les Diocèses de Toulon et de Metz au SERG, mais ceux-ci n'ont aucune paroisse donc on songe à les supprimer...
Mais là n'est pas la question. Personnellement, je crois sincèrement que vous êtes tout à fait disposé à devenir Évêque, et que vous avez les compétences pour cela. Toutefois, comme vous le dites, il serait dommage que vous quittiez la paroisse de Lyon et que personne n'assure le suivi de la paroisse. Il serait bien, donc, de trouver un Diacre et/ou un Vicaire d'abord et avant tout. Je vous aiderai pour cela, bien entendu. Dans quelques temps d'ailleurs je compte lancer un grand recrutement pour l'ensemble de la Province.

Concernant votre état de santé, je ne crois pas que cela devrait vous empêcher de devenir Évêque. Même si vous devez vous absenter une semaine ou deux de temps à autres, je crois qu'avec un Vicaire Diocésain ou un Archidiacre qui pourrait assurer l'intérim, ça serait correct. Mais on ne peut jamais savoir combien de temps on sera malade, ni à quelle fréquence...

Invité

En écoutant son archevêque, le jeune Peccatore ne se fit pas prier pour boire une coupe de vin et déguster quelques pâtisseries à son tour. C'était toujours ça de gagné !

Il hocha la tête.

Bien, dans ce cas, je vais me mettre incessamment en quête active d'un diacre ou d'un vicaire.

L'avorton revint sur un point qu'avait évoqué Yut au tout début.

Pardon, Monseigneur, mais j'ignorais que Toulon et Metz ne comptaient plus aucune paroisse.

Cet état de fait doit être consécutif, j'imagine, au cataclysme qui a frappé nos Royaumes il y a quelques mois, n'est-ce pas ?
Savez-vous où je pourrais trouver une liste des villes qui ont ainsi disparu ? Car les cartes que j'ai pu consulter sont, semble-t-il, fausses à présent, et il m'est difficile de jauger avec précision les paroisses que comporte chaque diocèse...

Invité

L'Archevêque réfléchit. En fait, jamais il n'avait vu une carte lui non plus indiquant les villes touchées. Tout ce qu'il savait était ce qu'avaient dit les Prélats du CESE. D'ailleurs, ils étaient en débat actuellement au CESE concernant cela.

Il semble, en effet, que cela soit apparenté au cataclysme qui a frappé nos Royaumes il y a quelques mois. Toutefois, je n'ai hélas aucune liste de villes disparues, ni de cartes à jour. Les deux seules villes dont je suis absolument certain qui sont disparues, ce sont les villes d'Amiens et de Le Puy. Les autres, je vous le dis en m'appuyant sur les dires de certains Prélats que je côtoie à Rome et rien d'autre. Je ne peux donc pas vous donner plus de précision.