Bon, voici ce que le procureur propose, qu'en pensez-vous?
Eminence président, frères officiaux, mon réquisitoire sera court. En effet, l'affaire est assez claire, les témoignages assez abondants. Laissons de côté, s'il vous agrée, la question de la virginité de la requérante, la consommation du mariage n'étant pas condition de sa validité. Retenons cependant l'abandon avéré du domicile conjugal, chose dont les témoignages attestent manifestement, depuis plus de trois mois et même directement après la cérémonie de mariage.
La chose est scandaleuse, et je recommande aussi que nous tenions compte de ce que l'époux ne s'est point présenté ni ne s'est manifesté auprès de notre officialité malgré les courriers de la procure le prévenant de l'enquête, de la procédure, et lui mandant ses propres témoignages.
Je dis bien scandaleux, car c'est là ajouter au grand péché de ne point se conformer aux obligations contractées devant le Créateur concernant le mariage, celui de ne pas avoir eu, manifestement, l'intention de les honorer au moment de sa contraction. L'on y soupçonnerait même un mépris sacrilège pour le sacrement lui-même!
Concernant l'épouse, ma recommandation est qu'on la considère sans faute dans cette affaire, à l'exception admise par elle-même d'avoir voulu tromper l'archevêque de Lyon sur la question de la consommation du mariage. Pour ce péché, nous recommandons que lui soit imposé le port de la bure pendant une semaine, sans autre tissu pour vesture. Il lui faudra aussi obtenir l'absolution de l'archevêque, qui pourra, à sa discrétion, lui imposer de supplémentaires pénitences.
Concernant le mariage, nous recommandons sa dissolution, aux motifs précisés dans l'acte d'accusation et parce que l'abandon du domicile conjugal est manifeste, ainsi que la disparition des sentiments amoureux. En l'état, il est de l'opinion de la procure que ce mariage est cause de scandale, qu'il perpétue un état de péché chez l'époux, et reste infructueux sur le plan spirituel, n'étant ainsi plus condition de vertu mais vecteur de péché.
Concernant l'époux, attendu sa désinvolture à l'égard du sainct sacrement marital, nous recommandons que lui soit imposé, dès qu'il se sera à nouveau manifesté à une autorité cléricale, un an d'interdiction de mariage, le port d'une bannière de honte pendant un mois, et un pèlerinage à l'abbaye Sainte-Ilinda en Aquitaine. Qu'en outre, il soit frappé d'interdit et ne puisse recevoir plus aucun sacrement tant qu'il n'aura pas obtenu l'absolution d'un clerc habilité par le diocèse de Lyon.