Hagiographie de saint Antoine le Grand
Saint Antoine le Grand naquit en Lyonnais-Dauphiné dans un petit village de pêcheurs, en 1356. De parents modestes et honnêtes, il eut une enfance normale partagée entre les taches quotidiennes et sa foi en Aristote. Sa foi lui permettait de tout surmonter, et il trouvait en elle refuge et sincérité.
Un jour qu’il péchait seul, les rames se détachèrent de sa barque et il se trouva immobilisé au beau milieu du lac. N'importe qui aurait sauté à l'eau pour tenter de rejoindre la rive à la nage, se moquant des risques d'embourbement posés par les marais du lac. Antoine, lui, préféra ne pas risquer de pécher par non-conservation en mettant sa vie en danger et décida de rester sur sa barque à prier. Quelques heures après, ses parents, alertés par le retard de leur fils, vinrent à sa rescousse. Sa foi avait évité à Antoine une mort certaine.
Son père périt dans un accident de charrue : il tomba alors que les chevaux paniqués partaient au galop, et fut labouré par sa charrue. A l’âge de 12 ans, Antoine eut donc à s'occuper de sa famille. Il devait subvenir aux besoins de celle-ci. Il travailla comme garçon de ferme. Dans son village de pêcheurs, les enfants riaient de lui, car il parlait aux animaux.
Une anecdote raconte qu’un jour, une des meilleures vaches laitières du village donna subitement du lait d’une aigreur inexplicable. Ni l’apothicaire ni le fermier ne trouvèrent de remède à ce mal. Il suffit cependant qu’Antoine aille parler à la vache pour qu’elle donne à nouveau du lait excellent.
Un villageois le soupçonna de sorcellerie à cause de tout cela et alla en parler à l'archevêque de Lyon. Ce dernier se rendit sur place pour constater les choses de visu et pour parler avec Antoine. Il découvrit bientôt que le futur saint, bien loin d'être possédé, disposait d'une foi d'une force extraordinaire et le convainquit de consacrer sa vie à l'Église. À 32 ans, Antoine prit la décision de porter la bonne parole.
Il parcourait le Dauphiné quand il apprit que la capitale religieuse du duché, Vienne, était la proie de la famine. Les animaux mouraient pour on ne savait quelle raison, les fruits et légumes n'étaient guère nourrissants, et la population avait l'estomac qui criait famine. Il décida d'aller soutenir ces villageois et avait l'espoir qu'avec le réconfort de sa foi, leurs esprits s'ouvriraient et supporteraient cette dure épreuve.
Il arriva donc à Vienne le 17 Janvier 1389. Sa présence passa inaperçue, mais pas pour tout le monde. Un éleveur de cochons reçut sa visite. Ils échangèrent quelques mots et Antoine pria pour les bêtes de ce pauvre homme qui avaient l'air bien mal en point. Il refusa l’hospitalité du paysan et s’en alla chercher un endroit pour dormir. On dit qu’Antoine alla passer la nuit au milieu de la forêt de Vienne et que là il parla à Dieu.
Cette nuit-là, l'éleveur ne dormit pas. Des bruits d'agitation étranges provenaient de sa grange. Il pensa que c'était la fin. Ses cochons étaient en train de trépasser et avec eux l'espoir de nourrir correctement sa famille.
Au petit matin, le silence régnait sur la ferme. D’un pas inquiet, il alla voir ses bêtes pour vérifier si ses craintes étaient justifiées. Mais là sa surprise fut grande: il vit apparaître un cochon puis deux, puis cinq, puis quinze... Mais comment cela était-il possible alors qu'au départ il ne lui en restait que trois ? Il fit le rapprochement avec Antoine venu la veille, et qui avait prié pour sauver ses bêtes et sa famille de la famine.
Il courut à la ville raconter son histoire. Les fermiers, sceptiques au début, ne purent le croire. Mais il fallait se rendre à l’évidence, grâce aux prières d'Antoine, nommé par les fermiers "Antoine le Grand", les cochons se multipliaient et guérissaient. Grâce à sa foi et ses prières, il sauva Vienne de la famine. Antoine, dit à présent "Antoine le grand", reprit son chemin.
Les anciens racontent qu’il est monté vers le nord, vers les régions barbares au-delà des frontières du Saint Empire, dans des contrées si reculées que la foi en Aristote n’y était pas arrivée. Partout où il passait, la foi en Aristote grandit. On raconte que dans le sud-est de la France, il fit gonfler les oies et qu’elles eurent des foies gigantesques. D’un peu partout, des échos vinrent, racontant les mêmes sortes d’évènements. Face à la famine et au désespoir des gens, Antoine priait. Et la nature se multipliait afin que tous puissent se nourrir.
Sa renommée fâchât un chef tribal du nord. A cause de ces prières et de la foi en Aristote qui grandissait, Yvan Leterminus voyait son pouvoir s’affaiblir. De dépit il fit écarteler Antoine le grand, le 17 janvier 1407, et ses restes furent jetés dans un pré. L'on dit que l’année suivante, un verger y avait poussé, et que les arbres donnèrent des prunes tout au long de l’année. Dès qu’un fruit tombait ou était cueilli, un autre repoussait. Un jour Yvan fit couper les arbres. Et le lendemain, au lieu d’un tronc, il y en avait deux. Furieux, le chef prit une hache et frappa un des arbres. Une prune énorme tomba sur la tête d’Yvan. Le fruit était si gros et si lourd qu’il lui fracassa le crâne.
Traduit par Lutuxya et Wilgeforte