Saintes Barbare et Monique
Barbare et Monique naquirent à Aesernia (Isernia) au IIIème siècle. Leur père, dénommé Urbain, était un magistrat romain.
Leur précepteur, Ermete, qui était secrètement un aristotélicien, les initia au Livre des Vertus. Ainsi les deux jeunes femmes se convertirent à la vraie foi, répudiant les fausses idoles. Urbain, avisé de l'intention de ses filles, fit assassiner le précepteur et chercha par tous les moyens à éloigner les sœurs de leur foi, mais rien ne put diminuer la volonté de Barbare et Monique.
Il les fit alors enfermer dans une tour et les fit vivre dans l'opulence et de luxe pour les faire embrasser le style de vie des riches. Cependant, les deux sœurs réussirent à sortir de la tour et, chaque nuit, distribuaient leurs richesses aux pauvres, y compris leurs somptueux vêtements. Elles brisèrent également les riches idoles que leur père avait fait placer dans la tour et en distribuèrent les fragments précieux aux pauvres gens.
Comme les pauvres s’étonnaient d’un tel comportement, Barbare et Monique prêchèrent alors les enseignements du Livre des Vertus afin de les convertir à l'aristotélisme.
Ainsi, à chacune de leurs excursions nocturnes, elles prêchèrent la parole d'Aristote. L’exemple d'amitié qu’elles donnaient aux pauvres ainsi que la conviction et la tempérance de leur élocution firent en sorte que gravitèrent autour d’elles un nombre toujours croissant de personnes, qui embrassèrent l’une après l’autre la vraie foi en abandonnant leurs croyances païennes.
Leur père, avisé de tout cela, les confia au préfet Dione, qui les dénonça pour impiété.
Il ordonna que les jeunes femmes soient emprisonnées. Leur mère, venue leur rendre visite accompagnée d’autres matrones, les conjurèrent d'abjurer, mais les larmes maternelles ne réussirent pas à émouvoir Barbare et Monique.
« Nous adorons le seul vrai Dieu et suivons nos uniques maîtres, Aristote et Christos. »
Le préfet condamna alors les sœurs à être mises à nu et flagellés publiquement après qu’on leur ait rasé la tête. Émues devant tant de cruauté, les femmes de la place couvrirent les deux pauvres jeunes femmes de leurs manteaux et les bourreaux, après des longues heures de torture, impressionnés par la force de la foi des jeunes femmes, furent épuisés.
Dione les fit alors lier à une grande roue métallique qui, en tournant, aurait dû écarteler les deux saintes. Or, au premier tour effectué par la roue, celle-ci, grâce à l’intervention de l'Archange de l'Amitié, se cassa en tuant les bourreaux et en produisant la stupeur de l’assistance. Le préfet, stupéfait par les événements et furibond devant son impuissance, fit mener Barbare au temple d'Apollon pour l'obliger à brûler de l’encens à la divinité, mais grâce aux ferventes prières de la sainte, la statue du dieu tomba du piédestal et tua le malveillant Dione. Devant ce spectacle, toutes les personnes présentes se convertirent à la foi aristotélicienne et aidèrent les deux jeunes femmes à s’enfuir.
Elles traversèrent la province et ne manquèrent pas une seule fois de faire le bien autour d’elles, bien qu’elles n'avaient maintenant presque plus rien.
Arrivant prés d'une ville, elles furent hébergées par une modeste famille d'aristotéliciens, qui vivait dans une petite maison à la lisière de la foret.
Bien qu’éprouvées par le voyage, elles insistèrent pour aider la famille aux travaux des champs et refusèrent de manger de la viande.
« Dieu nous a donné tout ce dont nous avions besoin pour vivre et a fait en sorte que le travail nous procure de la nourriture ; le travail même est donc une forme de glorification du Très-Haut. S'occuper des champs et des bêtes est une manière de montrer notre amour pour ce que Dieu nous a offert. »
La dimanche, les deux saintes guidaient la prière de la petite communauté des fidèles qui s'était créée grâce à leurs enseignements. Elles étaient tellement admirées que les fidèles les appelaient « monseigneur. »
Un homme de grande famille assistait ce jour à la célébration du rite.
Pendant le partage du pain, il dépassa la file des fidèles, en prétendant avoir la priorité, hurla ceci devant le refus des deux saintes célébrant la messe : « Je suis un noble, appartenant à une très ancienne famille, vous ne voudriez tout de même pas me faire attendre comme les petites gens ? »
Barbare lui répondit alors :
« Je ne sais pas quel titre précis vous possédez mais, comme nous l’enseigne le second prophète, la véritable noblesse est celle de l'esprit.
Si vous ne comprenez pas cette vérité ni ne la cultivez pas dans votre cœur, un câble aura plus de facilités à passer par le chas d’une aiguille que vous à entrer au paradis. »
Le noble, fulminant, quitta l'assemblée, non sans avoir auparavant menacé les deux femmes pour avoir osé le défier.
Il les menaça de les dénoncer aux autorités.
Les deux sœurs tentèrent de fuir et de rejoindre le Picenum, mais elles furent arrêtées et menées au préfet d'Interamniun (Teramo) qui les condamna à mort.
Les sœurs furent portées sur la Cecilia où Barbare fut lapidée pendant que Monique fut rouée jusqu’à la mort.
Malgré l’interdiction, des fidèles s’étaient réunis sur les lieux du martyre.
Pour éviter des problèmes d'ordre public, le préfet fit transporter, la nuit, les corps des jeunes femmes jusqu'à Silvi et les porta sur un bateau. Une fois au large, il leur attacha une pierre autour du cou et les jeta à l’eau.
Mais une certaine matrone romaine de nom Plautilla fin un rêve dans lequel elle vit les martyres lui indiquant le lieu où trouver leurs corps, en l'invitant à se convertir.
Plautilla se rendit à l'aube sur la plage de Silvi et, avec grande stupeur, vit deux dauphins qui transportaient chacun une sainte en les portant jusqu'à la plage.
Plautilla enterra les saintes non loin de la ville.
Dès le IVème siècle, une basilique fut élevée sur leur tombe et deux plages de Silvi furent dédiées aux saintes : la plage de Sainte Monique et la plage de Sainte Barbare.
Aux environs de 1230, lors de la fondation de la ville d'Aigle par Federic II Hohenstaufen de Svevia, les dépouilles des saintes furent transportées dans la nouvelle cathédrale qui leur fut dédiée.
À Silvi, ils reste leurs deux crânes, et leurs mains furent portées à Teramo en souvenir de leur captivité.
Éléments connexes :
La tour et les deux dauphins.
Patronnes de Molise et d’Abruzzi.
Traduit par Wilgeforte de Torretta-Granitola