maryanne. Curé de Moulins
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| Sujet: Démonographie d'Asmodée Mar 28 Aoû 2018 - 11:08 | |
| Démonographie d'Asmodée, prince de la luxure Un enfant précoce Il y a de cela bien longtemps naquit à Samarra, petit village de cultivateurs non loin d’Oanylone, un enfant que ses géniteurs nommèrent Asmodée. Il était vigoureux et plein de vie. Ses yeux étaient d’un noir profond et ensorcelant. Son visage était magnifique à tel point qu’on eut pu le prendre pour un ange. Mais grande fut la surprise de ses parents lorsqu’ils constatèrent sur son corps une étrange malformation. Comme ils n’avaient pas inventé l’eau chaude et que la chose semblait hors du commun, ils décidèrent d’aller voir le vieux Gédéon, rebouteux de son état et vivant retiré à l’écart des Hommes.
Ce dernier était un vieux bougre ratatiné par les ans et qui avait gardé sa foi en Dieu intacte. Il prit le petit des bras de sa mère, le posa sur une table et défit lentement les langes afin de l’examiner. Grande fut alors sa stupeur. Le nourrisson n’avait pas un sexe mais deux ! Il était à la fois féminin et masculin. Il se tourna alors vers les parents. « Vous avez mis au monde un être hors du commun. Cela dépasse mes compétences. Je ne sais si c’est un message qui vous est envoyé par le Très Haut ou si … » Il n’avait pu finir sa phrase. Il rhabilla prestement le nouveau-né et le rendit au couple qui attendait une réponse à leur angoisse. « Vous ne devez plus revenir ici avec cet enfant. Je vous conseille de vous tourner vers Dieu et de prier encore et encore. Quand à … lui, aimez-le du mieux que vous pourrez et détournez-le du Mal ». C’est dans la crainte et l’inquiétude que la petite famille rentra chez elle. C’est dans cette atmosphère que l’enfant grandit.
Dès qu’il put marcher, les ennuis commencèrent pour le père et la mère. Asmodée aimait tout particulièrement observer les animaux de la basse-cour. Il était émerveillé chaque jour davantage de les voir se déplacer, manger, émettre les sons les plus curieux. Mais il était par-dessus tout fasciné de les voir s’accoupler. Cela le mettait chaque fois dans le plus grand des émois. Il poussait des petits cris qui semblaient accompagner les bêtes dans leur reproduction. Il battait des mains à chaque manifestation virile du bouc ou du taureau. Son père avait beau le gronder, le menacer, le frapper, rien n’y faisait.
A cinq ans, il tenta certaines « expériences » sur les animaux. Il connaissait désormais fort bien les mœurs des espèces qui vivaient autour de lui. Il décida alors de modifier l’ordre naturel des choses, plaçant le chien sur la truie ou le chat sur le canard. Il s’ensuivit de cruelles blessures qui n’entamèrent pas pour autant ses ardeurs. La Révélation A l’âge de dix ans, alors qu’il participait aux moissons du mois de juillet, se produisit un événement qui bouleversa sa vie. C’était la fin de la journée ; les paysans étaient presque tous rentrés chez eux. Il était seul dans un champ au milieu des tas de chaumes savamment dressés de loin en loin. Il observait un couple de scarabées en train de monter l’un sur l’autre. Soudain, son attention fut détournée par des bruits rauques qui semblaient venir d’une meule. Attiré par ces sons inhabituels, il décida de s’approcher le plus discrètement possible. Et là, il découvrit ce qu’il n’avait jamais vu avant : un homme et une femme, entièrement nus, les corps enlacés débordant de sensualité et adoptant les postures animales qui lui étaient si familières. Il ne se montra pas mais observa le plus longtemps qu’il put, sentant dans les bas-fonds de son corps des émotions insolites.
De retour chez lui, il ne ferma pas l’œil de la nuit, son esprit étant totalement rongé par ce qu’il venait de voir.
Le lendemain matin fut pour lui comme une seconde naissance. Il regardait désormais les filles et les garçons de son âge d’une toute autre façon. Sa constitution génitale faisait qu’il se sentait attiré autant par un sexe que par l’autre. Il aborda tous les garçons et toutes les filles de son village, les beaux et les belles, les petits et les grandes, les maigres et les grosses.
Sa méthode était pour le moins peu orthodoxe. L’approche était souvent brutale, s’apparentant à un violent plaquage de soule, qui se terminait en roulé-boulé dans un fossé ou un ruisseau. Le ou la partenaire se débattait, hurlait, griffait, mordait, cognait puis finissait par s’arracher à l’étreinte non sans avoir perdu une partie de ses braies ou de sa robe. Le scénario se reproduisit toute une semaine durant. A la fin, de nombreux habitants du village, excédés par cette conduite intolérable, prirent d’assaut la ferme familiale et manquèrent de peu le petit Asmodée terrorisé qui s’enfuit sans demander son reste. Arrivée à Oanylone Oanylone était à cette époque la plus grande ville que portait la terre. Elle abritait en son sein sans doute plus d’un million de personnes. Mais l’acédie avait gagné les cœurs et corrompu les âmes. La majorité des habitants s’était détournée de Dieu. C’est dans ce contexte qu’arriva le petit Asmodée, encore tout retourné de ce qu’il venait de vivre.
Il erra des jours et des jours dans les rues, vivant de rapines et de mendicité. Il dormait la nuit à même le sol, au milieu de ce que la ville abritait de plus vil et abject. Sale comme un pou, crotté comme une bique, ses pas le menèrent par hasard dans un quartier de la ville bien différent des autres. Des femmes de petites vertus vendaient leur charme à des hommes de passage. Certaines étaient encore jeune et fraîche, d’autres usée et flétrie par le « labeur ». Il remarqua l’une d’entre elles, rousse, plus forte que la moyenne et à la poitrine généreuse. Il s’approcha et tendit la main comme pour attraper un fruit défendu. Celui-ci l’était bien puisqu’une magistrale tape de la main vint lui rappeler son âge et sa situation.
La femme se mit à déblatérer des mots sur un ton sec et rapide. « Dis donc l’morpion, tu t’crois tout permis ? Et d’où qui vient c’morveux ? Couvert de crasse comm’ça j’te donne une semaine avant d’crever le nez dans l’ruisseau ». Elle partit d’un rire gras et sonore, les deux mains posées sur ses hanches, prenant à témoin les femmes autour d’elle ainsi que les passants. Elle se baissa un peu pour le regarder de plus près, prenant son menton entre les mains. « Et mais, c’est qu’sous ta noirceur t’es plutôt sacrément mignon. Si t’étais un poil plus vieux on t’donnerait le bon D… » Elle ne put achever sa phrase. Tel un serpent sur sa proie, Asmodée venait de poser ses lèvres sur les siennes, faisant reculer de surprise la femme qui repartit d’un rire encore plus grossier que le premier. « Décidément tu m’plais ! Viens donc avec moi à l’intérieur, j’ai envie de t’montrer deux ou trois choses, histoire de t’apprendre la vie ». La pièce dans laquelle ils pénétrèrent était sombre car sans fenêtres. Des torches éclairaient faiblement l’intérieur qui était composé de quatre couches disposées aux quatre angles. Ce qui servait de lit était fait d’un matelas sommaire rempli de paille et les ébats pouvaient être cachés des yeux des visiteurs par un tissu qui était tendu tout autour. Sur les murs, Asmodée n’en croyait pas ses yeux. Des scènes érotiques montraient des hommes et des femmes nus, dans des positions parfois acrobatiques, souvent surréalistes. Ainsi donc se disait-il, il avait bien des choses à apprendre.
La forte femme le happa littéralement sur sa couche. Elle se déshabilla lentement devant lui, faisant apparaître des formes abondantes et des bourrelets disgracieux. Puis elle entreprit d’en faire autant de l’enfant. Un cri retentit alors. Elle n’avait pu retenir sa surprise devant l’anomalie sexuelle dont était pourvu Asmodée. « Met avis que t’a un bel avenir tout tracé, toi ! » Et ce jour-là, il fut déniaisé. La ville sombre dans la turpitude. Il vécut de nombreuses années aux côtés de la femme, devenant son amant, partageant son lit et ses clients. Il se montrait particulièrement redoutable et actif, multipliant les actes comme si sa vie en dépendait. Avec l’âge, son corps se développa et se forma. Une ferme poitrine vint agrémenter son buste. Il prit l’habitude de laisser pousser ses beaux cheveux noirs mais aussi de garder des vêtements d’homme. Il était devenu le centre d’intérêt de tout ce que la ville pouvait compter de débauchés.
Sa renommée était telle qu’il fut un jour introduit à la cour du roi d’Oanylone. Cet homme était tout ce qu’il y avait de mauvais. Un vrai concentré de rapacité, d’avarice et de malhonnêteté. Il vivait entouré d’une foultitude de femmes et de courtisans. Les orgies succédaient aux orgies, les fêtes aux beuveries. Dieu avait abandonné ces lieux. Il avait entendu parler de ce jeune homme mystérieux, capable de procurer des plaisirs inédits. Il l’avait fait mander.
Asmodée se présenta à la cour un jour que la fête battait son plein. Les tables comme les chaises étaient renversées, les corps étaient étendus à même le sol. La plupart étaient nus, enlacés, enserrés et comme enchaînés par le plaisir. Des esclaves, nus eux aussi, tentaient d’enjamber tant bien que mal les hommes et les femmes qui s’étreignaient dans des positions obscènes. Ils apportaient sur des plateaux d’ivoire tout ce qui était nécessaire aux plaisirs orgiaques. Lorsque le roi le vit pénétrer dans la salle, il repoussa tant bien que mal la demi-douzaine d’êtres avinés qui étaient entassée à ses côtés, il se releva et le fixa droit dans les yeux. Tout autour de lui, les hommes et les femmes participant à cette bacchanale, les uns après les autres, arrêtèrent leur besogne et portèrent leur regard sur le nouvel arrivant. Le silence fut alors complet.
Asmodée s’avança. Il portait une robe de bure blanche qui contrastait avec son regard d’un noir profond et la couleur sombre de ses cheveux. Lentement il dénuda ses épaules puis fit tomber le vêtement au sol sans aucune pudeur, faisant découvrir à tous sa déconcertante anatomie. Il traversa la pièce. Les gens s’écartaient à son passage. Il alla à la rencontre du roi qui ne disait mot et il se jeta sur lui bestialement. Les gens poussèrent un cri sauvage et la partie reprit de plus belle, comme si tous se sentaient libérés à présent.
Asmodée devint l’amant ou la maîtresse du roi, selon le point de vue que l’on choisit. Il catalysa les énergies sexuelles de la cour qui désormais ne connaissaient plus de limite. Plus grave encore, cet exemple venu d’en haut se répandit dans les couches supérieures de la société dans un premier temps puis toucha le reste des habitants de la ville. Dans les maisons, dans les rues, ou les caniveaux, dans les champs ou les granges, tout n’était que stupre et luxure. La turpitude et le vice avaient remplacé la vertu et la foi. Car les Hommes désormais avaient oublié Dieu, réservant leur âme aux seuls plaisirs. La chute Il était un être qui jouissait sans doute plus encore que les autres à constater la déchéance de la cité. Dieu ne lui avait pas donné de nom et il se délectait de voir à quel point l’œuvre du divin était avilie.
C’est alors que le ciel se remplit de nuages noirs et menaçants et qu’un vent violent se mit à souffler. Le Très Haut s’adressa aux habitants de la ville. «Alors que je vous ai donné mon amour, vous vous en êtes détournés, préférant écouter les paroles de la créature à laquelle je n’ai pas donné de nom. Vous avez préféré vous abandonner aux plaisirs matériels plutôt que de me rendre grâce. » Il ajouta: « J’ai créé pour vous un lieu appelé Enfer, que j’ai disposé dans la lune, où les pires d’entre vous connaîtront une éternité de tourments pour les punir de leurs péchés. Dans sept jours, votre cité sera engloutie dans les flammes. Et ceux qui y seront restés passeront l’éternité en Enfer. Cependant, Je suis magnanime, et ceux d’entre vous qui sauront faire pénitence passeront l’éternité dans le soleil, où se trouve le Paradis.» A ces mots terribles, tous les hommes et toutes les femmes se regardèrent et n’osèrent bouger. Tous étaient désormais dans la crainte de leur destin. Un grand nombre décida de fuir la ville désormais maudite. Mais la Créature Sans Nom, personnification du mal et aussi rusée que sournoise, décida d’agir. Elle choisit parmi ceux qui restaient sept hommes qui étaient chacun dans son genre un concentré de noirceur de l’humanité. Asmodée fut de ceux-là. Il se laissa convaincre par celui qu’on ne nomme pas que Dieu n’oserait jamais passer à l’acte et que sa décision n’était marquée que du sceau de la jalousie. Par l’emprise qu’il avait sur le roi, il parvint à son tour à persuader ce dernier, mais aussi la cour et une grande partie des habitants de reprendre la voie du plaisir et de la licence.
Quelques justes nonobstant se rassemblèrent autour d’une femme du nom de Raphaëlle qui était habitée de l’esprit de Dieu. Elle faisait partie d’un groupe de sept qui avait ouvert les yeux devant le discours du divin et qui était désormais habités de l’amour de Dieu.
Elle parcourait la ville en tous sens, prêchant le repentir et s’opposant directement à Asmodée. Elle était ardemment convaincue de détenir la vérité et beaucoup la suivirent et sauvèrent ainsi leur âme. Mais la majorité des Hommes préféra retourner à ses vices.
Sept jours plus tard, un tremblement de terre d’une puissance inouïe frappa la ville. Le sol se fractura. De larges ouvertures apparurent d’où jaillirent des flammes. En quelques instants, Oanylone disparut dans les profondeurs du sol. Dieu venait de frapper de sa colère la cité impie. Tous les morts se présentèrent alors devant le Très Haut afin que ce dernier les juge. Raphaëlle et les six autres humains devinrent archanges auprès du Très Haut, tandis que celles et ceux qui les avaient suivis se transformèrent en anges.
Asmodée et les six autres hommes qui avaient choisi le Sans Nom furent envoyés à grands coups de balai sur la lune. Ils les plaça là dans un lieu froid, sans vie et dans les brumes permanentes. Les corps de chacun se transformèrent pour prendre un aspect à la fois hideux et terrifiant. Asmodée reçut une tête abominable de serpent à la langue démesurée, il fut pourvu de quatre paires de seins et d’un phallus d’une longueur éléphantesque. Il devait le porter en permanence sur son épaule afin de ne pas y marcher dessus. Ses instincts lubriques avaient été décuplés et il tourmentait nuit et jour les malheureux qui s’étaient perdus en enfer, tout comme il agaçait continuellement ses frères démons en les poursuivant de ses ardeurs.
Ainsi fut-il condamné à vivre perpétuellement dans les plaines de l’enfer.
Pour mémoire, certains ont retenu quelques paroles d’Asmodée, prononcées de son vivant : - Citation :
- - De toutes les aberrations sexuelles, la pire est la chasteté.
- Une femme épanouie sexuellement est beaucoup plus ouverte. - Il faut apprendre aux gens à se servir de leur sexe comme de la cuillère et de la fourchette. - En matière d'amour sexuel, l'appétit vient en changeant. Traduit du syriaque par Tibère d’Arcis | |
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